jeudi 17 avril 2008

Les étapes de la démocratisation du Cameroun après la défaite de Paul Biya à la prochaine élection présidentielle

Avec l’adoption, par le Parlement, de son projet de loi portant modification de la constitution, il ne fait plus de doute que Paul Biya a définitivement enclenché la machine à se faire battre à la prochaine élection présidentielle, qu’il orgine celle-ci en 2011, 2010, 2009 ou 2008, autrement dit, cette année-ci. Il s’agit, désormais, pour la grande famille des démocrates et des patriotes camerounais, de penser le Cameroun, après le départ du pouvoir de ce personnage d’un autre temps.
« Zeus rend fous ceux qu’il désire perdre », affirment les Grecs. Nul ne saura jamais pourquoi Paul Biya recherche, obstinément, une fin de règne catastrophique, à la Mobutu,
alors qu’il avait tout pour se faire oublier des Camerounais, une fois parti du pouvoir. Actuellement, il est, probablement après Robert Mugabe, le chef d’Etat africain le plus impopulaire de tout le continent. Tout comme ce dernier, Paul Biya, à la prochaine élection présidentielle, se retrouverdans l’impossibilité totale de proclamer les résultats, pour la simple raison qu’il sera battu.

De la «démocratie apaisée», à la «monarchie imposée»

La récente modification de la constitution du 18 janvier 1996, aboutit à l’instauration, pure et simple, de la monarchie au Cameroun. Plus que par le passé, les Camerounais vont dormais subir le couple présidentiel ainsi que ce fut le cas, pour les Français, avant la révolution de 1789. Paul Biya, pour sa part, va davantage concentrer tous les pouvoirs de la République entre ses seules mains, les membres du gouverne-ment seront encore plus relégués au rôle de plantons de luxe, les députés des applaudisseurs frénétiques des desiderata présidentiels, les intellectuels et hauts fonctionnaires des adulateurs craintifs et zélés en quêtes de prébendes, les résultats électoraux seront, plus que jamais, préfabriqués, pour tout dire, nous allons assister à la fin de la démocratie au Cameroun. Les Camerounais vont ainsi passer de la fameuse « démocratie apaisée », à la « monarchie imposée ».

Battre Paul Biya avec sa constitution modifiée

Que reste-t-il aux démocrates et aux patriotes camerounais, actuelle-ment, à faire, à présent que Paul Biya a obtenu sa modification de la constitution ? Certainement pas à croiser les bras.
Sous d’autres cieux, en Afrique, d’autres peuples se sont retrouvés dans une situation identique à la nôtre. Nous pensons, par exemple, au vaillant peuple sénégalais. Qu’a-t-il fait ? Réponse : il a battu le président Abdou Diouf avec sa constitution modifiée. Pour quelle raison les Camerounais n’en feraient-ils pas au-tant ? Seraient-ils moins intelligents que le sont les Sénégalais ? Ces derniers seraient-ils plus vaillants que nous ? Nous sommes en mesure de faire de même, battre Paul Biya avec sa constitution modifiée.

Après la défaite de Paul Biya

Une fois ce personnage sorti, par la volonté des Camerounais, du pou-voir :
1/- dissoudre l’assemblée nationale ; il va sans dire qu’au regard des résultats préfabriqués des législatives de 2007, le présent Parlement est illégitime. Le dissoudre ne peut être qu’une action de salut public.
2/- élire une assemblée constituante ; élire des députés dont la mission unique sera de rédiger, pendant une période de trois mois, et en collaboration avec le Conseil Economique et Social relancé et véritablement transformé en assemblée de la société civile, une nouvelle constitution, à la fois démocratique et populaire, pour le Cameroun ; une fois celle-ci adoptée par cette assemblée constituante, adoption par voie de référendum ; en cas de rejet, reprise du processus à l’assemblée constituante jusqu’à son adoption. Pour cette assemblée constituante, réalisation d’un nouveau découpage électoral dans le but de faire en sorte que la circonscription électorale corresponde à un seul et unique député ; par exemple, à Yaoundé, on passerait, avec les 7 députés du Mfoundi, d’ une circonscription à 7 ; à Douala, à 9 ; par ailleurs, introduction des candidatures indépendantes, car la rédaction d’une constitution ne saurait être l’apanage des seuls partis politiques. L’assemblé constituante est dissoute, d’office, après l’adoption de la constitution à l’issue du référendum. Enfin, toutes les forces poli-tiques engagées dans cette élection, devront bénéficier de conditions matérielles égales pour mener leur campagne électorale.
3/- former un gouvernement d’union nationale ; avant que l’assemblée constituante ne soit mise en place, formation d’un gouvernement d’ union nationale, qui sera en fonction jusqu’à l’adoption de la nouvel-le constitution.
4/- élection d’une nouvelle assemblée législative ; une fois la constitution adoptée, il sera élu une nouvelle assemblée législative, qui se chargera de l’élaboration des lois et disposera d’un mandat d’une durée normale.
5/- formation d’un gouvernement définitif ; le gouvernement d’union nationale étant, par définition provisoire, une fois la nouvelle constitution adoptée, il pourra alors être formé un gouvernement définitif qui aura, en face de lui, une opposition.

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