La réélection de Robert Mugabe, au Zimbabwe, est un test que Paul Biya suit avec beaucoup d’intérêt et d’attention. C’est un galop d’essai pour lui, dont il se servira, demain, au Cameroun.
La réussite du coup de force de Robert Mugabe, au Zimbabwe, après celui de Moï Kibaki au Kenya, a considérablement réjoui Paul Biya, au Cameroun. Ce bond en arrière de la démocratie sur notre continent, ne peut que le combler de joie. Tout comme il avait procédé pour la modification constitutionnelle, à savoir s’inspirer des exemples de D’Idriss Déby, au Tchad, de Ben Ali en Tunisie, etc, il ne peut manquer de tirer des enseignements de cette nouvelle manière de se maintenir au pouvoir, contre la volonté du peuple, que sont en train d’inaugurer Kibaki et Mugabe. Celle-ci se présente ainsi que suit : 1/- élections ; 2/- en cas de défaite, recours à la violence ; 3/- offre, par communauté internationale interposée, de partage du pouvoir avec le vainqueur. La formule a réussi au Kenya, elle est en train de se redessiner au Zimbabwe, il n’existe pas de raison pour qu’elle ne soit pas appliquée, demain, au Cameroun. Après tout, que désirent les dictateurs tels que Paul Biya ? Demeurer au pouvoir, et rien d’autre. Peu importe la manière.
« JE NE SUIS PAS AHMADOU AHIDJO » VERSION CAMEROUNAISE DE « C’EST DIEU SEUL QUI ME FERA PARTIR DU POUVOIR »
« Je ne suis pas Ahmadou Ahidjo qui avait démissionné », tels sont les propos que prêtent à notre Paul national, ses proches. Ceux-ci ne sont rien d’autre que la version camerounaise des propos extravagants de Robert Mugabe : « l’opposition ne prendra jamais le pouvoir tant je serai en vie ». La preuve, Paul Biya s’est tout d’abord octroyé une « majorité confortable au Parlement ». Puis, grâce à celle-ci, il a procédé à la révision constitutionnelle qui fait de lui un candidat à vie à la fonction présidentielle. Entre temps, il a déversé les soldats dans les rues du Cameroun, afin de terroriser la population. Cette dernière étant rentrée dans sa coquille, Paul Biya a crié victoire. La méthode est payante. Alors, il procède, actuellement, à un accroissement des effectifs de cette armée spéciale au service de son maintien au pouvoir qu’est le B.I.R., version locale de la Schutzstaffel, les SS, les redoutables escadrons de protection d’Adolf Hitler, dont le Führer s’était servi pour se maintenir au pouvoir, par la terreur, en Allemagne, à partir de 1933.
L’ETAPE DE L’HEURE POUR PAUL BIYA
Pour l’heure, Paul Biya entend tirer tous les enseignements de la réaction de la communauté internationale. Les propos de Desmond Tutu, qui prône le recours à une intervention militaire pour débarquer Mugabe du pouvoir le font frémir – même s’il n’y croit pas beaucoup - tout comme les condamnations du Secrétaire Général des Nations Unies, de la Maison Blanche à Washington, ou de l’Union Européenne. En revanche, l’apathie de l’Union Africaine, tout comme de Tabo Mbeki, son homologue Sud Africain, le confortent dans ses intentions.
Sur le plan interne, il prépare, méticuleusement, le terrain. Il sait, d’avance, que les prochaines présidentielles au Cameroun seront houleuses, que la population descendra dans la rue. Alors, en plus du recrutement dans les BIR, pour la terroriser ainsi que vient de procéder Robert Mugabe, il s’efforce, actuellement, d’atténuer, par avance, les critiques de la communauté internationale. C’est pourquoi il vient de s’octroyer six nouveaux mois pour donner vie à ELECAM, l’organisme qui aura pour fonction de procurer un gage de crédibilité au scrutin que tout le monde sait d’avance truqué.
Enfin, le silence radio et télé, à travers la fermeture de Magic FM et d’Equinoxe, tout comme l’interdiction des meetings de l’opposition seront maintenus jusqu’à la veille du scrutin. Ainsi, il pourra s’assurer que l’opposition n’aura pas pu se déployer sur le terrain.
LE TEMPS DE L’INGENIOSITE
Au regard de cette situation, le temps de l’ingéniosité a sonné pour nous qui nous réclamons de l’opposition au Cameroun. Il nous faut inventer de nouveaux modes de lutte, qui puissent nous permettre de continuer à mobiliser la population, malgré le blocus médiatique et politique que nous inflige le régime. Telle est la tâche de l’heure des Camerounais, très nombreux, qui refusent d’assister, en spectateurs résignés, et finalement complices, à la déchéance totale de notre pays.
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