Paul Biya est en train de nettoyer la scène politique camerounaise. Mais, pourra-t-il, lui-même, en bénéficier ? Ne s’éclipsera-t-il pas, sans le vouloir, tel Jean-Baptiste de la Bible qui avait préparé le terrain au Christ ?
Paul Biya, actuellement, est véritablement engagé dans des travaux d’Hercule. Il fait rôder, plus que jamais, la prison autour d’un grand nombre de ses ex-collaborateurs, et longtemps présentés comme ses hommes de confiance. C’est quotidiennement que les média nous informent de l’arrestation imminente de telle ou telle haut personnalité de la République, hier totalement intouchable. Puis, quelque tems après, l’individu est effectivement jeté en prison. Parfois, cela dure un moment. Convocation à la Police Judiciaire. Relaxe. Nouvelle convocation. Parfois, nouvelle relaxe. Puis, une ultime convocation, suivie d’un déferrement au parquet. Là-bas, le malheureux bonhomme se voit demandé d’apposer ses empruntes digitales sur une feuille de papier : mandat de dépôt à la prison centrale de Kondengui. L’écroulement de la terre autour de l’individu qui, hier encore, était une « excellence », parfois citée comme appartenant au cercle fermé des « hommes du président ». C’est à croire que ceux qui font de telles déclarations manquent totalement de sérieux.
VOLEURS OU GENEURS ?
Naturellement, on en est amené à se poser cette question essentielle : ces notabilités qui rejoignent en ce moment et à la queue leu leu la prison, ne tombent-elles pas, toutes, sous le coup de règlements de comptes politiques ? Même s’il y avait tout lieu de mettre en doute l’existence d’un fameux groupe avide de pouvoir et dénommé « G11 », on ne peut, dans le même temps, manquer d’établir une forte corrélation entre les noms que diffusait régulièrement la presse comme ceux de personnes appartenant à ce fameux groupe, et ceux des ex-collaborateurs du président de la République qui gagent, actuellement, la prison. Ceci n’explique-t-il pas cela ? Si tel est par conséquent le cas, il y a tout lieu de se poser cette autre question : à quoi avons-nous affaire, à l’arrestation de voleurs ou de gêneurs ? Car, dans le premier cas, ce ne sont pas une petite poignée d’individus qui mériteraient de se retrouver en prison actuellement, mais, bel et bien, des centaines, voire des milliers. Qui n’a pas volé, au Cameroun, sous ce régime qui, pendant longtemps, ne disposait pas de « preuves » ? Par ailleurs, ne nous a-t-il pas habitués à en découvrir toutes les fois où un de ses éminents membres a manifesté son désir de prendre la place de Paul Biya ? Des preuves ne sont-elles pas subitement apparues le jour où Pierre Désiré Engo, Titus Edzoa, etc, se sont mis à lorgner le pouvoir suprême ? Mais, abandonnons le régime du renouveau dans ses contradictions, et revenons plutôt à nos moutons.
JEAN-BAPTISTE AVANT LE CHRIST
« Je ne fais qu’annoncer la venue imminente du fils de Dieu » : tel était le propos de Jean-Baptiste, dans les Saintes Ecritures. Bien mieux, il a eu pour mission de procéder au baptême du Christ dans les eaux du Jourdain. Une colombe est même descendu du ciel pour bien signifier à la terre entière que le Christ était bien envoyé par le Seigneur. Puis, après avoir effectué ce travail, Jean-Baptiste a disparu de manière tragique : il a été égorgé. Voici que Paul Biya se met à jeter tout le monde en prison, en tout cas, tous ceux que nous, messieurs et mesdames l’homme de la rue, considérions comme ses dauphins. Ses propagandistes en font des gorges chaudes et tentent de démontrer que le président camerounais « a déjà trop supporté ces mauvais citoyens et que, désormais, il va frapper ». Pas grand monde n’est convaincu par ces paroles. Mais, qu’importe. Ne peut-on pas établir un parallèle entre son action, et celle de Jean-Baptiste ? N’entreprend-t-il pas, en ce moment, au bout du compte, d’assainir la situation politique nationale, au bénéfice de quelqu’un d’autre que nous, Camerounais, au même titre que les gens de la Bible attendaient le Sauveur, attendent toujours, mais qui, comme Jean-Baptiste n’était pas le Christ, n’est pas Paul Biya, et qui viendrait, enfin, nous libérer des désastres innombrables du régime du renouveau ?
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